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Les Joies de la Novlangue

by THE BAD FROGGIES

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1.
Introduction 00:27
2.
3.
J'ai dépassé le stade maniaco-dépressif. Pour attaquer celui du pack de 6. Un choix moderne dans de "vieux portraits", de "vieux cadres". Fausses distinctions, vraies barricades. De Septembre à Février, c'est la victoire du bon goût. De faux compromis, de vraies angoisses. De Septembre à Février, c'est l'attente du rien : "Je t'aime... Merci... Et toi, comment tu vas ? - Oh tu sais, pas grand chose. La routine laxative. - Oui... Non... - Oui... Non... - Gros bisous à demain." Comment dire, c'est-à-dire que je suis perdu. Alors je baise en cherchant l'absolu. Castration de l'échange, on reste bien tous gentils. Une boule au ventre qui fait sourire.
4.
Thérapie 02:37
C'est presque fini, putain j'ai hâte. J'ai été mauvais, 'faut que je me cache. En plus ma boîte est presque vide. Encore de ma faute, je suis pathétique. Ouais, comme un sprinter, toujours à fond, ouais j'ai même plus peur, je suis super bon. J'espère que mon boss sera fier de moi. Ma vie est cool, je suis pathétique. Et vive le Prozac, vive le Xanax, je sens plus mes pieds, je crois que j'vais décoller. C'est peut-être parce que je viens de balancer la chaise et que le nœud va coulisser. Trop de pression, trop de faux-semblants, j'aime la pression, je suis magnifique. Mes potes sont tous devenus invisibles, le visage émacié ou de la bave jusqu'au nez. On a tout gâché, j'ai tout gâché. Il me reste un cachet, il est presque 19h, il est temps d'accrocher une corde au plafond.
5.
Plus Rien 01:51
Moi, ma parole, je lui pète une côte chaque matin en m’infligeant ta gueule, tes remarques ton sourire, et ta vie de merde, puis tous ces échecs qui font de toi une guimauve. J’ai peine à rire, j’allume la télé, je me fais pisser dessus. J’écoute un CD, le type à l’air bien apparemment. Sans risque derrière son studio, derrière ma stéréo, je sens un vent chaud et je pleure encore une fois. Les coups dans mon ventre n’y feront plus rien. Je pensais pas que des paroles me feraient aussi mal. Je pensais pas que ça pourrait finir comme ça. Je pensais pas, c’était les autres qui pensaient pour moi. Je me débats, je ne vois plus rien et je cogne partout.
6.
Dans les striures d’une pensée stérilisée par l’ennui, des réminiscences acides s’invitent pour colmater les rires. Des souvenirs assez sincères pour te rassurer d’être humain, gavé de neuromarketing, les barrières s’amincissent. Me parle pas d’empathie alors que j’apprends à pleurer, la condescendance nous frelate et te force à m’aimer. Des insomnies de résigné face à l’attente qui me toise. Au moins je saurais quoi dire à la prochaine crémation. Au moins je saurais de quoi rêver pour ma prochaine déception.
7.
Je fais toujours passer mes désirs pour des besoins, la télécommande jamais bien loin. Comme une voix triste, une perfusion, j’espère toujours te prendre pour un con. Vas-y recouds moi, j’ai le bide qui pend. J’ai plus de temps pour la sudation. Je veux du concrets, je veux être lifté, me faire charcuter le bout du nez, me faire bruler mes putains de paupières, me faire couper mes putains d’oreilles. Je veux payer pour me plastifier, ne plus ressentir que le poids du marché. Je veux sentir la silicone m’affaisser. Je veux voir mes doigts se désagréger. Je veux sentir des tumeurs jusque dans mes yeux. Je veux pouvoir luire toute l’année.
8.
"Le sang du pauvre" n'y fera rien. Marx et Rosa restent muets devant une machine à café. Pour l'attribution d'un autre week-end de merde. Qui permettra de planifier la première séance de rayons. D'aller pêcher deux/trois anguilles. Et peut-être même d'aller faire un quinté au bar. "Mais qui es-tu pour me juger ? Suppôt des mensonges de la gauche. Est-ce que là t'as bien mal au bide ? De voir qu'un homme ne vaut pas un homme". "Le sang du pauvre" n'y fera rien. Pierre et Rosa restent muets.
9.
Joseph 02:20
10.
Retraite 02:00
Théodicée d'une activité riche et gratifiante, épanouissante. Un éther enivrant... C'est après la décapitation d'un langage de lutte vieux de trois siècles, qu'ils ont privatisé tes torts. Future tapisserie de ton mal-être. Allez ! Toujours plus d'autonomie, toujours plus de compétition. Allez ! Oublie la vulgate marxiste, pour toujours plus d'aliénation. Un matin ta tête s'est alourdie, parcheminée, vide de questions. Mais pourquoi occuperais-tu ta vie ? Tu l'as vendue à ton patron. Théodicée d'une activité riche et gratifiante...
11.
Une belle année pour le PROZAC, mais pas de vaccin contre le palu. On soigne très bien mes problèmes de bite. On soigne très bien ma dépression. Mais en attendant, tu devras te contenter d’un CD de Goldman ou Bono, d’un concert de soutient sponsorisé par Bill Gates, d’une adoption par Brad Pitt, d’un ajustement structurel, d’une photo de ton fils avec des mouches sur la gueule. On dit « merci Monsieur Servier », on ferme sa gueule et on bouffe son riz. Si seulement tu te trouvais un stage, tu serais déjà plus rentable. Mais en attendant tu devras te contenter d’un CD.
12.
Par Terre 01:14
Plus assez de temps pour espérer, plus assez de force pour respirer. Plus assez de courage pour essayer, plus que le regret d’exister. J’aime pas la pitié que tu as pour moi, la condescendance que tu as envers moi. Le paternalisme dont tu fais preuve n’est plus le bienvenu, n’est plus dans tes droits. Arrête de me regarder de haut, je me sens pas tellement plus bas que terre. Un jour, c’est moi qui m’envolerai et c’est toi qui va bouffer le parterre par terre. Pas de réponse à mes questions donc pas de raison à ma présence. Aucune idée pour me sauver, va-t-en loin du rail de ma dernière chance.
13.
Promis, j’arrête de pleurer. C’est pas toi qui vas changer. Je vais, m’acheter un 25 mètres carrés, travailler pour me faire des amis, travailler pour me sortir du lit. Je serais socialement acceptable. N’oublions pas qu’ici le client est roi. J’ai tellement hâte que les soldes arrivent, je crois que je vais pas pouvoir tenir. Je crois que je vais plus pouvoir tenir de voir ses gens me regardant agonisant.

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released October 20, 2014

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THE BAD FROGGIES Bordeaux, France

THE BAD FROGGIES c'est du punk-rock de Bordeaux, un peu à la Banner Pilot, un peu The Flatliners, mais en français.

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